L'investissement socialement responsable (ISR)
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L'investissement socialement responsable (ISR)

L'investissement socialement responsable (ISR)


Alors que le monde de la finance est décrié pour ses dérives et crises aux conséquences sociales dramatiques, voilà qu’apparaît au début des années 2010 les notions de finance verte et de finance à impact positif. La finance n’est désormais pas pensée comme un moyen de s’enrichir mais comme un moyen potentiel pour servir des causes sociales et environnementales. Le renouvellement de notre modèle économique actuel, par les transitions écologique et énergétique notamment, nécessite des investissements extrêmement importants que seul le système financier mondial est en mesure de soutenir. Tous les acteurs de la finance, privés comme publics, semblent s’accorder aujourd’hui sur l’importance de financer des projets durables à impact positif sur l’environnement et sur la société. Ce critère de durabilité est de plus en plus valorisé et devient un incontournable de tout investissement. C'est ainsi que nous te proposons un zoom sur l'investissement socialement responsable (ISR).


La naissance de l’investissement socialement responsable

C’est dans ce contexte de renouvellement de la finance que les investissements socialement responsables (ISR) font leur apparition et se popularisent progressivement à partir des années 2010. L’Association Française de la Gestion financière (AFG) et le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) ont proposé une définition de l’ISR en 2013 : « L'ISR est un placement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable quel que soit leur secteur d'activité. En influençant la gouvernance et le comportement des acteurs, l'ISR favorise une économie responsable ». Cette définition met en avant la complémentarité entre critères de rentabilité économique et plus-value sociale et environnementale : la rentabilité est ainsi la récompense de cette plus-value durable permise par l’investissement. 


Les différentes formes de l’ISR

Pour tenter d’éclaircir ce concept encore un peu vague, il est possible de distinguer différentes formes de l’ISR. 

Les fonds socialement responsables ou de développement durable sont la branche principale de l’investissement socialement responsable. Ces fonds intègrent des entreprises cotées, sélectionnées selon des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) et financiers. C’est la forme d’ISR la plus répandue. 

Les fonds spécialisés dans un certain secteur (énergies renouvelables, traitement des déchets, alimentation biologique, santé) constituent une deuxième forme d’ISR. La validation des critères ESG reste néanmoins obligatoire. 

Les fonds d’exclusion appelés plus communément « placements éthiques », au contraire, bannissent les entreprises ou organisations dont les activités causent des externalités négatives. 

L’engagement actionnarial correspond à l’implication des actionnaires d’une entreprise dans la conduite d’une politique responsable sur les plans sociaux et environnementaux, au moyen de leur droit de vote à l’occasion des Assemblées générales. Il ne s’agît pas d’un fond stricto sensu mais davantage d’un activisme responsable. 


Le label ISR 

Ce concept multiforme prend une dimension supérieure en devenant un label en France peu après la COP21, à la suite d’un décret promulgué par le Ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, en 2016. Ce label, octroyé par des organismes indépendants, garantit les visées sociale et environnementale du fonds pour tout investisseur. 

Un label attestant de l’implication d’un produit d’investissement dans la transition énergétique et écologique pour le climat (Greefin) a également été créé en complément du label ISR. 

Des agences de notation extra-financières, à l’instar de Vigeo la plus importante en France, évaluent aussi l’impact de l’entreprise sur l’environnement et sur la société. Ces agences travaillent en collaboration avec les gestionnaires de fonds ISR et même avec les sociétés gérant les indices boursiers (ASPI Eurozone en Europe), afin de permettre un suivi de la RSE des entreprises. 


Les acteurs de l’ISR 

Les produits d’investissement socialement responsable sont développés par une multitude d’acteurs, certains d’entre eux spécialisés dans l’ISR, d’autres plus généralistes. 

 Les acteurs au cœur de l’ISE sont bien sûr les sociétés de gestion et les dépositaires qui ont pour mission de constituer des fonds ISR, conserver les titres, suivre leur performance, et s’assurer de la régularité et de la conformité des portefeuilles. Ces sociétés de gestion disposent le plus souvent d’une cellule spécifique pour l’évaluation des critères ESG. Ces produits d’investissement alimentent le marché via des réseaux bancaires et particuliers, reliant également les compagnies d’assurances et particuliers. 

Deuxièmement, les investisseurs dits institutionnels comme les banques, caisses de retraite et sociétés d’assurance collectent l’épargne des particuliers pour la placer sur les marchés financiers et donc sur les fonds ISR. Ces relais pour les produits d’investissements représentent 70% du marché en France. 

Les actionnaires, dans le cadre de l’engagement actionnarial comme vu précédemment, ont un rôle à jouer dans l’orientation de la politique de l’entreprise. Leur droit de vote, plus ou moins important selon leur poids, leur confère le pouvoir d’axer les dynamiques de l’entreprise dans un objectif d’impact positif.

Enfin, il existe des organismes spécialisés et possédant de l’expertise sur ces sujets. Voici la présentation de trois organismes influents dans le développement de l’ISR en France. 

Le Forum pour l’investissement responsable (FIR) est un lobby associatif pour l’investissement socialement responsable. L’association rassemble des consultants, financiers, universitaires et hommes politiques tous engagés pour une finance à impact positif et exerce ses activités auprès notamment de sociétés d’investissements afin que ces dernières prennent en compte les critères ESG dans leur notation et recommandation. L’Association Française de la Gestion financière (AFG) collabore notamment avec FIR pour permettre à l’ISR à terme de devenir une pratique courante pour une majorité des épargnants français. Eurosif – le Forum européen de l’Investissement responsable – intègre les associations telles FIR au sein d’un réseau européen pour développer des synergies. 

Novethic, filiale de la Caisse des Dépôts depuis 2001, s’est spécialisée dans l’étude de la finance durable et des produits ISR. Son site internet constitue une base de données très complète sur les tendances de marché et détaille de façon exhaustive, avec une notation attribuée pour chacun, tous les fonds ISR existants sur le marché. Novethic propose sur son menu « fonds durables » une liste de pratiques d’investissement responsable avec tous les fonds qui leur sont associés, de sorte que tous les épargnants et sociétés de gestion intéressés puissent trouver les informations qu’ils recherchent. 

Le Comité Intersyndicale de l’Epargne Salariale (CIES) est né de la mission commune des quatre grandes confédérations syndicales (CGT, CFDT, CGC, CFTC) de conseiller et guider les salariés vers des placements à impact positif. Il peut ainsi accorder un label ISR à certains fonds d’épargne salariale. 


Le développement du marché français de l’investissement durable 

Le développement de ce marché est en pleine accélération : selon les derniers chiffres de Novethic, le volume d’encours des fonds durables a presque doublé en 2019, passant de 149 milliards d’euros en décembre 2018 à 278 milliards d’euros un an après. Le nombre de fonds connaît une croissance de 44% sur l’année 2019 pour dépasser la barre des 700 fonds en décembre 2019. 

Ces dynamiques sont, pour une part, liées à la loi de mai 2019 sur la croissance et la transformation des entreprises, plus communément appelée la loi PACTE, obligeant les épargnants à inclure dans leur assurance vie au moins un fonds labellisé ISR. 

Les labels attribués ont également considérablement augmenté en 2019, témoignant d’un effort significatif des sociétés de gestion et des banques, notamment BNP Paribas, La Banque Postale et Natixis qui élargissent leur offre de produits ISR. A titre d'illustration, 117 nouveaux fonds se sont fait attribuer le label ISR public portant le nombre total de ce type de labels à 263 fonds en décembre 2019. Le site officiel du label ISR indique 441 fonds labellisés en juin 2020, confirmant la croissance exponentielle du marché ISR. Les encours des fonds labellisés Greenfin ont quadruplé en 2019, atteignant 6 milliards d’euros pour 18 fonds. A noter la labellisation de AXA Sélection Obligations Monde, le tout premier portefeuille composé uniquement de fonds labellisés Greenfin. 

Les fonds ISR les plus nombreux sont ceux spécialisés dans un secteur particulier, privilégiant l’approche thématique. Ils représentent un quart du marché, ce qui s’explique par une meilleure visibilité de l’investissement comparativement à des fonds regroupant des entreprises de secteurs différents. 

Le top 3 mondial des fonds durables en termes de collectes d'encours selon Novethic est représenté par la société de gestion danoise Nordea (Global Climate and Environment Fund) et deux américaines : Blackrock (iShares Green Bond Index Fund) et Fidelity (Fidelity Funds Sustainable Water & Waste Fund). 


Comment investir dans des produits d’investissement socialement responsable ? 

L’investisseur peut directement souscrire auprès de sa banque à des fonds ISR en actions et ou obligations, des parts d’OPCVM regroupant des fonds ISR ou encore de fonds indiciels (ETF) ISR. Il pourra alors les placer dans une enveloppe fiscale (PEA, compte-titres, assurance vie ou produits d’épargne salariale ou retraite). L’assurance vie et le PEA restent les plus avantageux en termes de fiscalité et de flexibilité. 

La souscription à des produits d’investissement socialement responsable n’offre aujourd’hui aucun avantage fiscal spécifique.

Il faut également noter que certains fonds, non estampillés ISR, mais respectant les critères ESG et garantissant l’utilisation des fonds pour des projets d’investissement à impact positif, présentent des frais bien moins importants que les fonds ISR. Des sociétés productrices d’indices boursiers, comme Aspi Eurozone en Europe ou MSCI aux Etats-Unis, fournissent aux sociétés de gestion des catégories d’actifs éco-responsables


Pour quelles performances ?

Les performances des fonds ISR sont assez difficiles à évaluer du fait de leur diversité et du manque de recul quant à leur évolution. En effet, ces investissements ont une perspective de rentabilité sur le long terme et on ne peut juger de leur performance uniquement en évaluant les résultats à court terme. 

Selon Novethic, la rentabilité a atteint 22% sur les fonds durables en France en 2019 toutes classes d’actifs confondues hors fonds monétaires. Ce chiffre est évidemment prometteur mais à nuancer par rapport à la conjoncture économique. L’année 2019 a été fructueuse pour un bon nombre de placements (l’indice CAC 40 hors dividendes a bondi de 26% sur l’année 2019) et les produits ISR n’en font pas exception. 

Nous reprenons, à titre d’exemple de performances, trois des fonds évoqués plus haut, en se basant sur les résultats en cours de juin 2020 pour étudier les tendances sur une période la plus étendue possible : 

Le fonds Nordea 1 – Global Climate and Environment Fund BP EUR – a gagné en juin 2020, 49% depuis janvier 2015, à comparer avec l’ensemble des actions du secteur de l’environnement qui gagne 25% et à l'Euronext 100 qui s'adjuge seulement 2%. 

Le fonds obligataire de Blackrock - iShares Green Bond Index Fund – a grimpé de 8% depuis janvier 2018, à comparer avec les obligations internationales couvertes qui rapportent moins de 2% sur la période. 

Depuis le début de l’année 2020, bien sûr marquée par la crise économique, AXA Sélection Obligations Monde réalise une performance de 0,3%, alors que les obligations internationales montent de 0,5%. 

Ainsi, on peut constater que ces fonds ont une bonne rentabilité sur le long terme et résistent plus ou moins bien aux conjonctures défavorables de court terme.


Investir dans des sociétés privées pour jouer un rôle proactif ? 

De nombreuses startups ont vu le jour dans les domaines de la transition énergétique, la gestion des déchets, la santé ou l’éducation. Elles ont pour mission un impact social et environnemental réel. Cependant, ces entreprises sont souvent trop petites pour être cotées en bourse et avoir accès à des labels traditionnels comme ISR. 

Ces sociétés font appel pour leur financement à des plateformes de crowdfunding – financement participatif - qui permettent de collecter des fonds rapidement et collectivement. En apportant du capital, l’investisseur peut devenir un actionnaire du groupe et jouer le rôle proactif d’un « business angel ». Il soutient ainsi financièrement la startup et peut contribuer à son développement stratégique en décidant de la politique de l’entreprise. C’est le principe de l’engagement actionnarial. 

Cependant, un tel investissement ne doit pas être guidé par la spéculation mais par l’intérêt porté au projet. En effet, les risques de liquidité comme de faillite sont extrêmement élevés pour de telles entreprises et la possibilité de perdre l’intégralité de son capital est importante pour l’investisseur.